Passage clé
Après avoir dit cela, elle s’en alla. Puis elle appela Marie, sa sœur, et lui dit secrètement : Le Maître est ici, et il t’appelle. Dès que Marie eut entendu, elle se leva promptement et se rendit vers lui ; car Jésus n’était pas encore entré dans le village, mais il était à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient dans la maison avec Marie et qui la consolaient, la virent se lever promptement et sortir ; ils la suivirent, pensant qu’elle allait au tombeau pour y pleurer.
Jean 11.28–37
Lorsque Marie fut arrivée là où était Jésus et qu’elle le vit, elle tomba à ses pieds et lui dit : Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Quand Jésus vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, il frémit en son esprit et fut troublé. Il dit : Où l’avez-vous mis ? Seigneur, lui répondirent-ils, viens et vois.
Jésus pleura. Les Juifs dirent donc : Voyez comme il l’aimait ! Et quelques-uns d’entre eux dirent : Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne meure pas ?
Citations du Chapitre 11
Jésus, la voyant pleurer, elle et les Juifs qui étaient venus avec elle, frémit en son esprit, et fut tot ému.
Jean 11.33
Le Fils de Dieu s’est revêtu d’humanité, de laquelle il ne se départira jamais. Il s’est fait homme et le restera éternellement. Voilà d’ailleurs la significations de la doctrine relative à l’ascension de Christ, c’est-à-dire qu’il est monté au ciel dans le corps même qui est sorti du tombeau, reflétant sa pleine humanité. Bien entendu, il est et a toujours été Dieu également. Or, son humanité, maintenant qu’il l’a revêtue, ne prendra jamais fin.
Lorsque nous voyons les sentiments, les passions et les affections du Christ incarné envers les pécheurs et les affligés, comme ils nous sont communiqués dans les quatre Évangiles, nous voyons qui est Jésus pour nous aujourd’hui.
Le corps que le Fils a revêtu était d’une humanité véritable et intégrale. En effet, Jésus était la personne la plus réellement humaine à avoir existé.
Tout ce que comprend le fait d’être humain (et d’être humain sans pécher), Jésus l’était et l’est encore. Or, les émotions sont une partie essentielle de tout être humain. La chute a entaché nos émotions, comme elle l’a fait de toutes les dimensions de l’humanité déchue. Les émotions ne découlent toutefois pas de la chute. Jésus a éprouvé toute la gamme d’émotions que nous éprouvons.1
Aussi devait-il devenir, en tout, semblable à ses frères, afin d’être un souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle dans le service de Dieu, pour faire l’expiation des péchés du peuple.
Hébreux 2.17
Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur incapable de compatir à nos faiblesses ; mais il a été tenté comme nous. à tous égards, sans (commettre de) péché.
Hébreux 4.15
De même que le Fils de Dieu s’est revêtu de notre chair, il s’est aussi revêtu volontiers de nos sentiments humains, afin de ne différer en rien de ses frères, à la seule exception du péché.2
Jean Calvin
Ce que nous voyons dans les Évangiles au sujet de la vie émotionnelle de Jésus s’agit d’une vie intérieure parfaite quant à l’équilibre, aux proportions et à la maîtrise, mais nourrit aussi de profonds sentiments.
Jésus ne s’est pas contenté d’accomplir les œuvres de compassion, mais il ressentait en fait un tumulte intérieur et des émotions bouillonnantes de pitié envers les plus démunis. « Sa compassion se traduisait par un acte concret ; mais ce que le terme employé pour exprimer la réponse de notre Seigneur met en lumière, c’est […] le remous intérieur profond de sa nature émotionnelle3. »
Deux aveugles assis au bord du chemin entendirent que Jésus passait et crièrent : Aie pitié de nous, Seigneur, Fils de David. La foule leur faisait des reproches, pour les faire taire, mais ils crièrent plus fort : Ait pitié de nous, Seigneur, Fils de David. … Saisi de compassion, Jésus toucha leurs yeux ; et aussitôt ils recouvrèrent la vue et le suivirent.
Matthieu 20.30,31,34
Un lépreux vint à lui et, se jetant à genoux, il lui dit d’un ton suppliant. Si tu le veux, tu peux me rendre pur. Jésus, ému de compassion, étendit la main, le toucha et dit : Je le veux, sois pur.
Marc 1.40,41
Lorsqu’il fut près de la porte de la ville, voici qu’on portait en terre un mort, fils unique de sa mère, qui était veuve ; et il y avait avec elle une foule considérable de la ville. Le Seigneur la vit, eut compassion d’elle et lui dit : Ne pleure pas !
Luc 7.12,13
Les émotions de Christ surpassent les nôtres en profondeur, car il était à la fois pleinement humain (par opposition à un croisement de divin et d’humain) et parfait.
Les émotions déchues non seulement nous font réagir avec une impiété outrancière, mais elle peuvent aussi émousser nos réactions.
Jésus éprouvait une compassion parfaite, non altérée pour quoi que ce soit. Jésus est encore humain, maintenant au ciel, et il regarde chacun de nous, lépreux spirituels, avec une compassion non altérée, une affection débordante et non limitée par l’égocentrisme impie qui restreint notre propre compassion.
Il serait donc impossible pour un être moral de rester indifférent et imperturbable en présence de ce qu’il percevrait comme étant mal. Par « être moral », nous entendons précisément un être capable de faire la différence entre le bien et le mal et qui réagit à sa perception des deux de manière appropriée. L’indignation et la colère appartiennent par conséquent à l’expression même de l’être moral et ne peuvent lui faire défaut en présence du mal.4
Warfield
Un être humain moralement parfait comme Christ se contredirait s’il ne se mettait pas en colère.
Considérons la colère de Jésus au moyen du syllogisme suivant :
- Première prémisse : La bonté morale pousse à se révolter avec colère et indignation contre le mal.
- Seconde prémisse : Jésus était le parangon de la bonté morale ; il était moralement parfait.
- Conclusion : Jésus se révoltait contre le mal avec colère et indignation plus que quiconque.
Jésus blâmait sévèrement ceux qui amenaient les enfants à pécher.
Mais si quelqu’un était une occasion de chute pour un de ces petits qui croient en moi, il serait avantageux pour lui qu’on suspende à son cou une meule de moulin, et qu’on le noie au fond de la mer.
Matthieu 18.6
C’est son cœur rempli d’amour, et non le plaisir qu’il avait à rendre justice, que le poussait à se prononcer aussi durement contre les fautifs.
Christ s’est bel et bien mis en colère, ce qui est encore le cas aujourd’hui, du fait qu’il est l’être humain parfait, qui aime trop pour rester indifférent. Et cette juste colère reflète son cœur, sa tendre compassion. Puisque son cœur éprouve cette tendre compassion, c’est lui qui se met le plus rapidement en colère et qui ressent la colère le plus passionnée —, et cela, sans jamais commettre le moindre péché.
Ce que Jean fait pour nous […] c’est de nous dévoiler le coeur de Jésus, tandis qu’il nous acquiert le salut. Jésus châtie en notre faveur non pas avec indifférence, mais avec une colère enflammé contre son ennemi juré. Il ne s’est pas limité à nous sauver des maux qui nous oppriment, mais qui plus est, il a ressenti et partagé notre oppression, et sous l’impulsion de ces sentiments, il a accompli notre rédemption.5
Warfield
Si Christ se montre un lion envers l’impénitent, il est un agneau envers celui qui se repent — celui qui est amoindri, qui fait preuve d’ouverture, qui a soif, qui se confesse, qui est effacé. Il hait d’une juste haine tout ce qui vous tourmente. Rappelez-vous qu’Ésaïe 53 parle de Christ comme portant nos souffrances et se chargeant de nos douleurs (v. 4). Non seulement a-t-il été puni à notre place, subissant quelque chose que nous ne subirons jamais (la condamnation), mais encore il souffre avec nous, subissant ce que nous subissons nous mêmes (les mauvais traitements). Lorsque vous êtes affligé, il l’est aussi. Lorsque vous êtes en détresse, il l’est aussi.
La Bible nous commande de nous mettre en colère lorsque la situation l’exige.
Agitez-vous, mais ne péchez pas ;
Psaume 4.5
Parlez en votre cœur
Sur votre couche, puis taisez-vous.
Si vous vous mettez en colère, ne péchez pas ; que le soleil ne se couche pas sur votre irritation.
Éphésiens 4.26
Laissez l’amour que Christ vous porte non seulement vous laver de vos péchés avec compassion, mais vous assurer aussi sa solidarité avec la fureur qu’il déploie contre tout ce qui vous tourmente, plus particulièrement la mort et l’enfer.
- B.B. Warfield, The Person and Work of Christ, Oxford, Royaume-Uni, Benediction Classics, 2015, p. 137–138.
- Jean Calvin, Sur l’Évangile selon Saint Jean, Paris, Ch. Meyrueis, 1854, adaptation libre.
- Warfield, The Person and Work of Christ, p. 97–98.
- Warfield, The Person and Work of Christ, p. 107.
- Warfield, The Person and Work of Christ, p. 117.
Questions
- Quelle est la signification de la doctrine de l’ascension du Christ ?
- Jésus est-il un humain en ce moment ? Quelle est l’implication de ce fait sur la manière dont nous devons comprendre le cœur du Christ ?
- Comment le Christ est-il à la fois humain et divin ?
- Qu’est-ce que cela signifie pour la façon dont il exprime ses émotions ?
- Les émotions du Christ sont-elles exactement les mêmes que les nôtres ?
- Quelle est l’importance de l’impact de la chute sur les émotions ?
- Que voit-on dans les Évangiles de la vie émotionnelle de Jésus ? Citez des exemples d’émotions du Christ.
- Est-il toujours mauvais de se mettre en colère ou existe-t-il de bons moments et de bonnes façons de se mettre en colère ?
- Comment le Christ nous le montre-t-il ?
- Quel est le lien entre la compassion du Christ et sa colère ? Ces deux éléments sont-ils en désaccord ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
- Que reflète la juste colère du Christ ?
- Que pourrait signifier pour Jésus d’être en colère avec vous ?
- Que représente le Christ pour les impénitents ? Qu’est-il pour le pénitent ? Qu’est-ce que cela signifie ?
- Comment les émotions de Christ influencent-elles sa relation avec vous et votre confiance en lui ?
Cet article est adapté de : Doux et humble de cœur de Dane Ortlund et Gentle and Lowly Study Guide de Robert Zink.