Citations du Chapitre 2
Nous avons peur lorsque nous nous retrouvons devant quelque chose que nous ne pouvons pas contrôler. Nous avons peur quand nous risquons de perdre quelque chose auquel nous tenons ou d’expérimenter quelque chose de difficile. Nous sommes même dans la crainte à l’idée d’obtenir quelque chose de merveilleux, surtout lorsque cette chose semble trop belle pour être vraie.
La crainte jaillit de l’amour.
Wilhelmus à Brakel 1
Nous craignons parce que nous aimons : nous nous aimons nous-mêmes et donc, nous craignons que de mauvaises choses nous arrivent ; nous aimons nos familles, nos amis, nos possessions et nous craignons de les perdre.
Ce n’est pas seulement que nous craignions la perte de ces choses que nous aimons ; nous craignons aussi ce qui est agréable. Il s’avère que nous devons détourner notre regard de grandes beautés, car ce qui est purement admirable peut nous submerger.
La crainte du succès est souvent plus forte que la crainte de l’échec. Notre fragilité est telle que devant la grandeur, la vitalité et la joie, nous avons l’impression que c’est trop pour nous.
Toute crainte, bonne ou mauvaise, a une propension naturelle à incliner le cœur vers la contemplation de l’objet de la crainte ; et même si un homme s’efforçait de détourner ses pensées de l’objet de sa crainte, qu’il s’agisse des hommes, de l’enfer, des démons, etc., et qu’il ferait tout ce qu’il pourrait la prochaine fois que sa crainte resurgira, son cœur retournerait à l’objet de ses peurs.
John Bunyan 2
Que nous soyons fascinés ou repoussés par l’objet de notre crainte, toutes nos craintes partagent des points communs : elles résultent de ce que nous aimons, elles provoquent des réactions corporelles, et elle deviennent une obsession dans notre esprit.
Il y a différents sortes de craintes.
Tout le peuple observait le tonnerre, les éclairs, le son du cor et la montagne fumante. À ce spectacle, le peuple tremblait et se tenait dans l’éloignement. Ils dirent à Moïse : Parle-nous toi-même, et nous écouterons ; mais que Dieu ne nous parle pas, de peur que nous ne mourions. Moïse dit au people : Soyez sans crainte ; car c’est pour vous mettre à l’épreuve que Dieu est venu, et c’est pour que vous ayez pour lui de la crainte, afin de ne pas pécher.
Exode 20.18–20
Moïse met ici en opposition les deux notions : être dans la crainte de Dieu et avoir peur de Dieu. Ceux qui ont la crainte de Dieu n’auront pas peur de lui.
Il y a différentes sortes de crainte de Dieu. Il existe une crainte de Dieu qui est bonne et souhaitable, et une crainte de Dieu qui ne l’est pas.
La crainte naturelle
Puisque nous vivons dans un monde déchu, nous sommes entourés de danger. Nous craignons les accidents, la douleur et les ennemis. La chute a fait de ce monde un lieu rempli de craintes.
Cela ne signifie pas pour autant que nos craintes de ces dangers sont elles-mêmes des péchés.
Il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commence à être saisi d’effroi et d’angoisse.
Marc 14.33
En proie à l’angoisse, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à verre.
Luc 22.44
Les théologiens chrétiens ont d’une manière générale décrit deux différentes sortes de crainte de Dieu. John Flavel a fait une distinction entre la crainte « pécheresse » et la crainte « dévote » ; George Swinnock a écrit au sujet d’une crainte « servile » et d’une crainte « filiale » ; William Gurnall, d’une crainte « asservie » et d’une crainte « sainte » ; et John Bunyan, de crainte « pieuse » et de crainte « impie ».3
Christian theologians have commonly described two different types of fear of God. John Flavel distinguished between “sinful” and “religious” fear; George Swinnock wrote of “servile” and “filial” fear; William Gurnall, of “slavish” and “holy” fear; and John Bunyan, of “ungodly” and “godly” fear. 3 Je parlerais quant à moi de crainte « pécheresse » et de crainte « juste ».
La crainte pécheresse
Avoir peur de Dieu n’est pas une mauvaise chose lorsqu’on n’est pas croyant. Le Dieu très saint est terrible pour ceux qui sont loin de lui.
La crainte pécheresse est une crainte de Dieu qui découle du péché.
Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi et ils tremblent.
Jacques 2.19
Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le jardin et j’ai eu peur, parce que je suis nu ; je me suis donc caché.
Genèse 3.10
La crainte pécheresse nous éloigne de Dieu. C’est la crainte de l’incroyant qui hait Dieu, celui qui reste rebelle dans son cœur et qui craint d’être exposé comme pécheur, alors il s’enfuit loin de Dieu.
C’est la crainte de Dieu qui est à l’opposé de l’amour pour Dieu. C’est la crainte qui s’enracine plutôt au cœur du péché. C’est le moteur de l’athéisme et de l’idolâtrie, inspirant aux gens l’inventions de « réalités » alternatives au Dieu vivant.
Méconnaître Dieu
La crainte pécheresse qui s’enfuit loin de Dieu découle en grande partie d’une mauvaise compréhension de qui il est.
…j’avais peur de toi, parce que tu es un homme sévère…
Luc 19.21
Celui qui n’avait reçu qu’un talent s’approcha ensuite et dit : Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé, et qui récoltes où tu n’as pas répandu ; j’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre ; voici : prends ce qui est à toi.
Matthieu 25.24,25
Il ne perçoit rien de la bonté de son maître : à travers ses yeux de myope, il ne voit qu’un grand homme sévère et parcimonieux, et en conséquence, il a tout simplement peur.
Satan travaille dur pour représenter Dieu à moitié, seulement comme un feu dévorant, comme revêtu de justice et de vengeance. Oh, non ! Il est vrai qu’il ne laissera pas sa compassion être insultée par des pécheurs dédaigneux et il n’enlèvera pas leur culpabilité, même s’il attendra longtemps avant de les détruire, mais l’essentiel de son nom est « sa grâce et sa bonté ». Acceptez-le comme Dieu le proclame, et considérez si vous avez une quelconque raison de ruminer contre Dieu.
Thomas Manton 4
L’œuvre première de Satan est de déformer notre vision de qui est Dieu. Il nous le présente comme une menace purement négative, comme l’incarnation de l’anti-Évangile. Car, dès lors que nous percevons Dieu comme une menace pure, nous fuyons loin de lui, remplis de peur, en espérant que l’ogre céleste n’existe pas.
Alors que cette crainte alimentée par la tromperie éloigne les gens de leur Créateur, cela ne les éloigne pas de la religion. Aux yeux de tout le monde, ils peuvent passer pour des personnes pieuses, des chrétiens exemplaires, bien que manquant de joie.
Quand un homme est poussé à agir par obéissance, parce qu’il redoute la colère de Dieu révélée dans la loi, au lieu d’obéir à cause de sa croyance en son amour révélé dans l’Évangile, quand il craint Dieu à cause de sa puissance et de sa justice, mais pas à cause de sa bonté quand il imagine Dieu davantage comme un juge vengeur qu’un ami ou un père rempli de compassion, et quand il considère que Dieu est plus terrible dans sa majesté qu’infini dans sa grâce et sa miséricorde, il démontre qu’il vit sous la domination, ou du moins sous l’influence, d’un esprit légaliste.
John Colquhoun 5
Quand les gens ont tout simplement peur de Dieu à cause de leur méconnaissance, ils ne peuvent plus jamais se confier en lui, mais il leur faut se tourner vers autre chose pour se sentir en sécurité. C’est lorsque leur crainte de Dieu est confuse que les gens se tournent vers d’autres dieux.
When people, through misunderstanding, become simply afraid of God, they will never entrust themselves to him but must turn elsewhere for their security. It is when people have this confused fear of God that they turn to other gods.
Mais les nations firent chacune leurs dieux. Elles les placèrent dans les maisons des hauts lieux bâties par les Samaritains, dans les villes où chacune des nations habitait. Les gens de Babylone firent Soukkoth-Benoth, les gens de Kouth firent Nergal, les gens de Hamath firent Achima, ceux de Avva firent Nibhaz et Tartaq ; ceux de Sepharvaïm brûlaient leurs fils par le feu en l’honneur d’Adrammélek et de Anamélek, dieux de Sepharvaïm. Ils craignaient aussi l’Éternel, et ils instituèrent pour eux des sacrificateurs de hauts lieux pris un peu partout : ces sacrificateurs étaient an activité pour eux dans les maisons des hauts lieux.
2 Rois 17.29–32
[…] dans la mesure où les incroyants transfèrent le gouvernement du monde de Dieu aux étoiles, ils imaginent que leur bonheur ou leur malheur dépend d’elles et non de la volonté de Dieu. Et au lieu de craindre Dieu, ils craignent les étoiles, les planètes et les comètes.
John Calvin 6
Leur crainte malavisée de Dieu les amène ainsi à avoir peur d’autres choses, des choses qui ne peuvent ni les rendre libres ni les vivifier, mais seulement faire d’eux des esclaves et les anéantir.
Les gens qui ressentent cette crainte de Dieu ne pourront pas ensuite placer leur confiance en Christ pour leur salut. Ils chercheront partout ailleurs. Ils placeront leur confiance en leurs lois, leurs propres efforts, toute autre chose, ou toute autre personne, mais jamais en Christ.
Samuel dit au peuple : Soyez sans crainte ! Vous avez fait tout ce mal ; mais ne vous écartez pas de l’Éternel et servez l’Éternel de tout votre cœur. Ne vous en écartez pas ; sinon, (vous vous rallierez) à du néant, qui n’apporte ni profit ni délivrance, parce que ce n’est pas du néant. L’Éternel ne délaissera pas son peuple, à cause de son grand nom, car l’Éternel a résolu de faire de vous son peuple. Loin de moi aussi de pécher contre l’Éternel, de cesser de prier pour vous ! Je vous enseignerai le bon et le droit chemin. Seulement craignez l’Éternel et servez-le en vérité, de tout votre cœur ; car voyez ce qu’il a fait de grand en votre présence.
1 Samuel 12.20–24
Redouter la sainteté
La crainte de se débarrasser du péché—la peur de la sainteté
Nos craintes pécheresse sont en fait une crainte erronée de mettre le péché à mort, une crainte qui ne parvient pas à comprendre en quoi consiste la gloire de la vie nouvelle lorsque l’on suite le Christ.
Les pécheurs préfèrent leurs ténèbres et leurs chaînes à la lumière et la liberté du paradis, et c’est pour cela qu’ils redoutent sa sainteté.
La crainte pécheresse chez les chrétiens
Les chrétiens ne sont pas immunisés contre cette crainte pécheresse. Des enseignements de piètre qualité, des temps difficile et les accusations portées par Satan peuvent entretenir cette peur de Dieu dans nos cœurs.
Question n° 1 : Ces craintes ne vous poussent-elles pas à vous demander s’il y a déjà eu une œuvre de grâce forgée dans votre âme ?
Réponse : Oui, vraiment, elles le font.Question n° 2 : Ces craintes ne vous poussent-elles pas à vous demander si oui ou non vos premières craintes ont été forgées par le Saint-Esprit de Dieu ?
Réponse : Oui, vraiment, elles le font.Question n° 3 : Ces craintes ne vous poussent-elles pas à vous demander si vous avez effectivement déjà ressenti un véritable réconfort venant de la Parole et de l’Esprit de Dieu ?
Réponse : Oui, vraiment, elles le fonts.Question n° 4 : Trouvez-vous mêlées à ces craintes, des affirmations évidentes dans vos pensées disant que ces premiers réconforts n’étaient que le fruit de l’imagination, du diable ou d’une désillusion ?
Réponse : Oui, vraiment, je le pense.Question n° 5 : Ces craintes n’affaiblissent-elles pas votre cœur dans la prière ?
Réponse : Oui, elles le fonts.Question n° 6 : Ces craintes ne vous empêchent-elles de vous attacher à la promesse du salut en Jésus-Christ ?
Réponse : Oui, car je pense que si j’ai été trompé auparavant, si j’ai été réconforté par un esprit de tromperie, pourquoi cela ne se reproduirait-il pas ? Alors, j’ai peur de saisir cette promesse.Question n° 7 : Ces craintes n’ont-elles pas tendance à endurcir votre cœur et à vous remplir de désespoir ?
Réponse : Oui, vraiment, elles le font.Question n° 8 : Ces craintes ne vous empêchent-elles pas de profiter de l’écoute ou de la lecture de la Parole ?
Réponse : Oui, vraiment, car peu importe ce que j’entends ou je lis, je pense que rien de ce qui est bon ne m’appartient.Question n° 9 : Ces craintes n’ont-elles pas tendance à faire jaillir dans votre cœur des blasphèmes à l’encontre de Dieu ?
Réponse : Oui, au point de quasiment m’en détourner.Question n° 10 : Ces craintes ne vous laissent-elles pas penser parfois qu’il est vain de continuer à vous attendre au Seigneur ?
Réponse : Oui, vraiment, je suis souvent presque arrivé à cette conclusion que je ne lirai plus, je ne prierai plus, je n’écouterai plus, et je ne me tiendrai plus en compagnie du peuple de Dieu.Eh bien, pauvre chrétien, je suis heureux que vous m’ayez répondu si honnêtement, mais s’il vous plaît, réfléchissez à vos réponses. À votre avis, quelle part de Dieu réside dans ces choses ? Quelle part de son Esprit et de la grâce de sa Parole ? Tout simplement, rien du tout, car il n’est pas possible que ces choses soient un résultat véritable et naturel des œuvres de l’Esprit de Dieu : non, pas sous la forme d’un esprit de servitude. Ce ne sont pas là ses manières d’agir. Ne voyez-vous pas la patte même du diable dans tout cela ?
John Bunyan 7
C’est l’œuvre du diable de promouvoir la crainte de Dieu, celle qui fait peur aux gens, de sorte qu’ils cherchent à s’enfuir loin de Dieu. L’Esprit agit d’une manière totalement différente : il cherche à produire en nous une merveilleuse crainte qui nous gagne et nous conduit à Dieu.
- Wilhelmus à Brakel, « The Christian’s Reasonable Service », Joel R. Beeke, éd., Bartel Elshout, trad., Grand Rapids, Michigan, Reformation Heritage, 1992, vol. 3, p. 291.
- John Bunyan, « A Treatise on the Fear of God », dans The Works of John Bunyan, George Offer, éd., 3 vol., Glasgow, W. G. Blackie & Son, 1854, réimpr., Édimbourg, Banner of Truth, 1991, vol. 1, p. 463.
- John Flavel, « A Practical Treatise on Fear », dans The Whole Works of John Flavel, Londres, W. Baynes and Son, 1820, vol. 3, p. 245 ; George Swinnock, The Works of George Swinnock, Édimbourg, James Nichol, 1868, réimpr., Londres, Banner of Truth, 1992, vol. 3, p. 295 ; William Gurnall, The Christian in Complete Armour, rév. et abr., 3 vol., Édimbourg, Banner of Truth, 1986-1989, vol. 1, p. 119, 222, 263, 372-373 ; vol. 2, p. 579 ; John Bunyan, « A Treatise on the Fear of God ».
- Thomas Manton, Works of Thomas Manton, Londres, James Nisbet, 1872, vol. 9, p. 645.
- John Colquhoun, Treatise on the Law and Gospel, D. Kistler, éd., 1859, réimpr., Morgan, Penn., Soli Deo Gloria, 1999, p. 143.
- John Calvin, Institution de la religion chrétienne, Aix-en-Provence/Charols, France, Kerygma/Excelsis, 2015, p. 151.
- Bunyan, « A Treatise on the Fear of God », p. 452.
Questions
- Qu’est-ce qui vous fait peur ?
- Pourquoi a-t-on peur ?
- Pourquoi la peur du succès est-elle souvent plus forte que la peur de l’échec ?
- Quels sont les traits communs à toutes nos peurs énumérees à la page 33 ?
- Nos peurs des dangers du monde (comme les accidents, la douleur, les ennemis, etc.) sont-elles nécessairement du péché ? Quel exemple avons-nous dans les Écritures ?
- Quels sont les différents noms pour les deux types de crainte de Dieu définis par les théologiens chrétiens ?
- Avec quoi la crainte pécheresse est-elle en désaccord ? À quoi mène la crainte pécheresse ?
- Quel est l’œuvre première de Satan et quel en est le résultat, comme décrit à la page 39 ?
- Qu’est-ce que la peur de sainteté ?
- Les chrétiens sont-ils immunisés contre cette crainte pécheresse ? Pourquoi ?
- Contrastez l’œuvre du diable et celle de l’Esprit.
- Après avoir terminé ce chapitre, expliquez dans vos propres mots la différence entre avoir peur de Dieu et craindre Dieu.
This article is adapted from: Gentle and Lowly by Dane Ortlund and Gentle and Lowly Study Guide by Robert Zink.